Etymologie du nom Eotopia
Eo s’apparente au grec ancien εἶμι (« aller »), au sanscrit एति (« il va »), au latin eō (« aller, avancer, avoir lieu, passer, s’écouler »).
Utopia est un terme inventé en 1516 par Thomas More dans un livre éponyme. Il s’apparente au grec τόπος (« lieu ») et au préfixe privatif latin u.
Eotopia pourrait donc signifier « un lieu où l’on avance » !
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Eotopia débute avec un voyage sans argent des Pays-Bas jusqu’au Mexique (plus d’infos à ce sujet : sansunsou.wordpress.com). Lors de ce voyage, les protagonistes Raphael, Benjamin et Nicola apprennent à vivre sans un sou en poche et découvrent le bonheur de la simplicité. Ils deviennent véganes et se convainquent qu’une économie basée sur le don est la seule économie juste et solidaire pour tous.
Ils rêvent d’un monde sans argent… et pour commencer, ils imaginent un écovillage végane basé sur l’économie du don. Végane pour le respect du vivant sous toutes ses formes et une cohérence écologique maximale ; l’économie du don parce que c’est le modèle économique naturel.
Eotopia reste un rêve jusqu’au début de l’année 2013. Raphael s’est marié avec Nieves, avant d’accueillir la naissance d’un enfant. Benjamin revient du Mexique avec Yazmin. A quatre “et demi”, ils/elles décident de concrétiser le rêve, créent un site internet pour présenter le projet et organisent une réunion à Freiburg dans un école Steiner à la fin du mois d’octobre 2013. Plus de trente personnes s’y réunissent, certain-e-s pour s’informer, d’autres pour s’impliquer plus durablement. Des Allemand.e.s, Français.e.s, Portugais.e.s, Suisses, Anglais.e.s, Espagnol.e.s, Italien.ne.s et une Mexicaine !
Benjamin et Yazmin retournent alors en France et commencent sérieusement à chercher un lieu. Par chance, suite à un article paru sur un journal en ligne (article rue89), il/elle sont mis en contact avec un propriétaire, végane, qui cherche justement des gens pour peupler ses terres. Il/elle n’hésitent pas une seconde et lui rendent visite en janvier. Il/elle organisent ensuite une nouvelle réunion en mars, dans un squat, pour discuter de cette option. Plus de quarante personnes sont présentes, dont une quinzaine qui avait déjà participé au rassemblement de Freiburg. Les objectifs : présenter le projet, évoquer la possibilité de s’installer chez André, et faire connaissance.
Suite à cette réunion, Benjamin, Yazmin et Johanna (une Allemande qui s’est jointe au groupe à Freiburg) s’installent chez André en wwoofing pour étudier la possibilité de s’y implanter. André propose 17 hectares à condition qu’il n’y ait pas d’exploitation animale. Le lieu est superbe. Seuls inconvénients : le manque d’eau et l’absence de ruines. Difficile d’obtenir un permis de construire. Une troisième réunion est organisée cette fois-ci vers Barcelone pour consolider le groupe et donner une chance aux gens du sud de participer. Plus de quarante participant-e-s se réunissent dans un éco-lieu existant : Can Pipirimosca.
Quelques jours plus tard, fin août 2014, vingt-trois citoyen-ne-s du monde se retrouvent sur les terres d’André pour décider si le projet Eotopia peut s’y installer. Ils/elles organisent un campement provisoire en installant une douche, des toilettes sèches et un rocket stove pour cuisiner.
Durant cinq jours, ils/elles discutent des valeurs du projet qui nécessitent des clarifications. Une décision est prise : le terrain n’est peut-être pas idéal – pas d’eau et peu de possibilités pour construire -, mais certains membres du groupe sont motivé.e.s pour commencer, pour expérimenter. Ils/elles sont cinq à rester : Joh, Guido, Renaud, Yazmin et Benjamin.
L’annonce est faite sur internet et de nombreux-ses visiteurs-euses se joignent au groupe, des membres des 23 viennent aussi de temps en temps pour donner un coup de main. Ils/elles construisent une douche, des toilettes sèches en palettes, installent une cuisine couverte par des bâches, creusent un puits découvert grâce à un sourcier, un dôme, et commencent le jardin. Pendant ce temps, Yazmin dessine les plans du futur éco-village en vue de le présenter à la mairie.
Malheureusement, celle-ci s’oppose à l’idée de construire sur le lieu. En même temps, André annonce soudainement son souhait de voir cultivée toute la terre agricole (la plus grande partie des 17 hectares). Les Eotopien-ne-s lui expliquent que cela n’est pas le but du projet, que la vocation d’Eotopia est avant tout éducative mais… il insiste. Ces divergences d’opinions ne sont pas graves mais avec l’impossibilité de construire, ils/elles préfèrent se retirer à la fin de l’année 2014.
S’ensuivent ensuite plusieurs mois “à vide”. Yazmin et Benjamin sont très occupé.e.s par la venue au monde de leur fille Ada et les autres membres d’Eotopia s’orientent vers différents horizons. Il devient clair que pour cimenter les bases d’un tel projet, il faut d’abord un lieu.
Plusieurs mois passent pendant lesquels les faux espoirs se succèdent, jusqu’en septembre 2015, mois de la rencontre avec Tonio, un paysan vivant près de Pau qui insiste pour qu’Eotopia se fasse chez lui. L’enthousiasme est de nouveau là. Benjamin et Yazmin décident cette fois-ci de ne pas constituer de groupe avant de sécuriser le lieu et seul.e.s Antoine et Sandrine s’ajoutent à l’aventure. Ils rencontrent Tonio, découvrent une personnalité forte mais attachante et décident de s’y installer à partir de mars 2016. La ferme est immense, il y a 12 hectares de terrain et une trentaine d’animaux (vaches et moutons) à sauver. Tonio veut arrêter son exploitation pour le projet et le petit groupe d’Eotopien-ne-s y croit dur comme fer. Sandrine quitte son boulot et vend sa maison, et tout le monde se prépare au grand départ.
Nouvelle déception : Tonio avait « omis » de leur préciser qu’il croulait sous les dettes et qu’il était en instance judiciaire. Le lieu ne lui appartenant pas (il est à sa famille), le risque d’expulsion et son manque d’honnêteté poussent le groupe à se retirer (pour un compte rendu de cette épopée, voir l’article de Sandrine).
Et voilà donc Eotopia une fois de plus sur les routes, à la recherche de sa terre promise. Des milliers de personnes suivent les protagonistes via le site internet, des centaines de courriels par mois leur confirment que le projet est beau et a sa place dans ce monde. Personne n’abandonne !
Après ce dernier revers, l’équipe, rejointe par Roman, décide de réunir ses économies pour acheter un lieu et en avril 2016 un compromis de vente est signé ! Un terrain a été trouvé en Saône-et-Loire. Tout le monde s’y installe début juillet 2016.
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